A Marseille, guerre de positions sur le recours à l’armée

L’élue socialiste Samia Ghali veut faire appel aux militaires pour endiguer le grand banditisme qui sévit dans la cité phocéenne. La proposition divise, à droite comme à gauche.

Faut-il déployer la troupe dans les quartiers Nord ? C’est la proposition que formule une socialiste, Samia Ghali, sénatrice et maire des XVe et XVIe arrondissements de Marseille (une partie des quartiers Nord). Dans une interview parue hier dans la Provence, l’élue, qui a grandi dans l’une de ces cités, a demandé l’intervention de l’armée pour «désarmer les dealers» et établir des barrages à l’entrée de certains quartiers, afin d’en interdire l’accès aux clients des trafics.

«abandon». C’est un «cri d’alarme», a-t-elle précisé. Il a été largement entendu, et très diversement commenté. «L’armée, a répondu François Hollande, n’a pas sa place pour contrôler les quartiers de notre République. […] C’est le travail de la police, qui doit d’ailleurs être renforcée encore à Marseille, que de faire en sorte que soient éradiqués cette violence, cette criminalité et ces trafics.» Sur la même ligne, Jean-Marc Ayrault a appelé à se méfier «des formules toutes faites qui ne règlent rien», et a annoncé la tenue, jeudi, d’un comité interministériel consacré à la situation de Marseille, qui a connu mercredi soir son 14e règlement de comptes de l’année (19e pour l’ensemble de l’agglomération). «On ne va pas laisser Marseille devenir Naples», a promis hier le chef du gouvernement. La réunion doit«montrer la détermination du gouvernement à ne pas laisser les choses dériver comme cela s’est fait depuis des années», a-t-il ajouté. «Quand vous laissez à l’abandon, que vous avez un taux de chômage de 70% parmi les jeunes, que les logements sont dégradés, qu’on laisse l’école se déglinguer, alors se met en place une économie souterraine.»

Samia Ghali s’est dit satisfaite, hier, de cette annonce. Elle a reçu dans la matinée un appel du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, pour qui il est hors de question de faire appel à l’armée, car «il n’y a pas d’ennemi intérieur» à Marseille. «Ce n’est pas une fin en soi, a précisé la sénatrice à Libération. Si on me met des effectifs de police en nombre suffisant, avec du matériel et des véhicules en bon état, cela me va très bien. Mais j’ai le sentiment que lorsque l’on demande des renforts, on ne les a jamais. C’est pour ça que j’ai jeté un pavé dans la mare. La situation devient dramatique.»

Elle a raconté que, mercredi soir, les auteurs du dernier règlement de comptes ont «arrosé» si largement qu’un automobiliste voisin a retrouvé 14 impacts sur sa voiture. Localement, les réactions à ses propositions ont débordé largement du clivage gauche-droite. Patrick Mennucci, député et maire socialiste des Ier et VIIe arrondissements, proche de la sénatrice, a approuvé l’idée de «bloquer la route aux acheteurs qui se rendent en voiture sur les spots de vente de stupéfiants». Bruno Gilles, sénateur et maire UMP des IVe et Ve arrondissements, a salué le «courage politique» de l’élue et a trouvé logique de déployer l’armée, «puisque c’est une véritable guerre qu’il faut livrer aux trafiquants de drogue». Il propose de lancer«une enquête ou un référendum citoyen auprès de tous les habitants d’un arrondissement ou d’un quartier afin de les associer à cette lutte, de savoir ce qu’ils attendent, quelles solutions ils préconisent».

Jean-Claude Gaudin, sénateur et maire (UMP) de la ville, a dénoncé au contraire les propositions de la socialiste : «Mobiliser l’armée face au grand banditisme n’est en aucun cas une solution. La population de ces cités le vivrait comme un véritable appel à la guerre civile ! La seule réponse cohérente est de déployer, dans les plus brefs délais, de nouveaux moyens policiers, formés à gérer ce genre de conflits sur le terrain.» Sur la même longueur d’onde, Eugène Caselli, président socialiste de la communauté urbaine de Marseille, a rappelé que «dans une République, c’est à la justice et à la police de s’occuper de la sécurité des citoyens». Selon lui, «nous ne sommes pas en situation de révolte urbaine, l’armée n’apporterait rien face aux trafiquants». Il a appelé à un travail en profondeur, sur la sécurité, mais aussi sur les transports, le développement économique, l’école, la formation… Cela «dans une communauté urbaine qui est la plus pauvre de France au niveau des recettes fiscales, mais l’avant-dernière en matière de dotations globales de fonctionnement».

Empires. Le comité interministériel de jeudi promet cette approche transversale, en réunissant notamment le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, Christiane Taubira (Justice), Vincent Peillon (Education), François Lamy (Ville), Pierre Moscovici (Economie et Finances) et la marseillaise Marie-Arlette Carlotti (Lutte contre l’exclusion). «L’idée, comme à Amiens cet été, est de rétablir l’ordre pour ensuite intervenir en profondeur», explique l’entourage du Premier ministre. Mais Marseille propose une situation particulière. Les nombreuses petites cités de la ville ne sont pas soumises aux violences que connaissent nombre de grands quartiers français. En revanche, les trafics y sont dispersés et implantés en profondeur et depuis très longtemps. Certains territoires sont contrôlés au point que les visiteurs occasionnels sont interrogés sur leurs raisons de leur venue, parfois fouillés. C’est le cas à la Castellane, l’ancien quartier de la famille Zidane, que François Lamy, ministre de la Ville, est venu ausculter discrètement cet été.

L’enlisement économique de la ville a permis à des familles de trafiquants de bâtir des empires qui suscitent des appétits. La circulation accrue des armes fait le reste. Dans un marché de l’emploi devenu atone bien avant la crise, depuis la plongée du port en fait, elles sont parfois le premier employeur du quartier. Seuls des moyens massifs peuvent aider à sortir la ville de l’ornière. Tous les élus le savent. Les socialistes, qui se sont servis de l’exemple de la ville pour illustrer l’échec de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité, savent en plus qu’ils seront largement jugés là-dessus.

 

In Marseille, war positions on the use of military

 

  

The elected socialist Samia Ghali wants to use the military to stem the rampant banditry in Marseille. The proposal divides the right and left.

 Should deploy troops in the northern suburbs? This is the proposal that a socialist formula, Samia Ghali, Senator and Mayor of the fifteenth and sixteenth arrondissements of Marseille (part of the northern suburbs). In an interview published yesterday inProvence, the elected, who grew up in one of these cities, requested the intervention of the army to "disarm drug dealers" and establish barriers to entry in certain neighborhoods in order to prevent access to customers traffic.

"Abandonment". It is a "cry for help", she said. It was widely understood, and very variously commented. "The army said François Hollande, has no place to monitor areas of our Republic. [...] It is the job of the police, who must moreover be reinforced atMarseilles, that make this violence are eradicated, the crime and trafficking. "On the same line, Jean-Marc Ayrault called beware "made formulas that solve nothing," and has announced Thursday, an interdepartmental committee on the situation ofMarseilles, which had its 14th Wednesday evening reckoning of the year (19th for the entire city). "We will not leave Marseille becomeNaples' promised yesterday the head of government. The meeting should "show the government's determination not to let things drift as they have done for years," he added. "When you leave abandoned, you have an unemployment rate of 70% among young people, that housing is damaged, we leave the school déglinguer, then set up an underground economy."

 

  

Samia Ghali expressed satisfaction yesterday this announcement. She received a call in the morning the Minister of the Interior, Manuel Valls, who is out of the question to use the army, because "there is no enemy within" in Marseille. "It is not an end in itself, said Senator Libération. If I put the number of police in sufficient numbers, with equipment and vehicles in good condition, it suits me very well. But I feel that when we asked for reinforcements, we have never been. That's why I threw a stone into the pond. The situation becomes dramatic. "

 

 

She said that on Wednesday night, the authors of the last settlement of accounts have "watered" so widely that a motorist neighbor found 14 impacts on his car. Locally, reactions to its proposals overflowed largely left-right divide. Patrick Mennucci, the Socialist deputy and mayor of I and seventh districts, close to the senator, has endorsed the idea ofa "road block buyers who go to spots on car selling drugs." Bruno Gilles, Senator UMP mayor and the fourth and fifth districts, praised the "political courage" of the elected and found it logical to deploy the army, "since it is a true warfighting traffickers drugs. " It proposes to launch "an investigation or citizen referendum among all the inhabitants of a district or neighborhood in order to join this struggle, know what they want, what solutions they advocate."

 

 Jean-Claude Gaudin, Senator and Mayor (UMP) of the city, instead denounced the proposals of the socialist "Mobilizing the army against the organized crime is by no means a solution. The population of these cities live on as a true call to civil war! The only consistent answer is to deploy as soon as possible, new police methods, trained to manage such conflicts on the ground. "On the same wavelength, Eugène Caselli, socialist president of the Urban Community of Marseille recalled that "in a republic, it is justice and police to deal with public safety." According to him, "we are not in a situation of urban revolt, the army would do nothing to traffickers." He called for a thorough job on security, but also transportation, economic development, education, training ... This "in an urban community that is the poorest inFranceat tax revenue but the penultimate block grants for operation. "

 

 Empires. The interministerial committee on Thursday promised transversal approach, bringing together including the Minister of the Interior, Manuel Valls, Christiane Taubira (Justice), Vincent Peillon (Education), François Lamy (City), Pierre Moscovici (Economics and Finance) and Marseille Marie-Arlette Carlotti (Fight against exclusion). "The idea, asAmiensthis summer is to restore order and then intervene in depth," said the Prime Minister's entourage. But Marseille offers a particular situation. Many small towns of the city are not subjected to violence experienced by many large French Quarter. However, trafficking are dispersed and located in a very long time and depth. Some territories are controlled so that casual visitors are asked about their reasons for coming, sometimes searched. This is the case in Castellane, the former headquarters of the family Zidane, as François Lamy, Minister of the City, came to listen quietly this summer.

 

 

The economic stagnation of the city has allowed families to traffickers who build empires rise appetites. Increased circulation of weapons did the rest. In a labor market became sluggish even before the crisis, since the port dive in fact, they are often the largest employer in the area. Only means mass can help out the city of the rut. All politicians know this. The Socialists, who used the example of the city to illustrate the failure of Nicolas Sarkozy safety, they will know more widely judged it.

 

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